jeudi 31 janvier 2013

COUP DE COEUR "LE TUEUR" + LUC JACAMON A ANGOULÊME

Petites lunettes rondes, physique passe-partout, discret... tellement discret qu'il n'a pas de nom. De toute façon, dans sa branche d'activité, les noms, ça se change... Sa profession ? Tueur. Sans crédo politique, sans jugement moral, sans scrupules ni regrets, il peut éliminer des nonnes en Amérique Latine, des hommes d'affaires à Paris, pourvu qu'il soit correctement payé. Quoique, parfois, il a le vice de poser des questions...

Matz et Jacamon ont su créer un personnage incroyablement profond et complexe : le contraste entre son physique quelconque et sa violence, solitaire, il fonde pourtant une famille et il se prend d'affection pour le dealeur sud-américain Mariano et un flic ambigu, il aspire à se la couler douce dans un endroit isolé au Venezuela, pourtant il reprend constamment du service; il accepte tous les contrats, ne pose pas de questions, pourtant il est porté sur la vengeance et il n'aime pas ne pas saisir les nuances des pétrins dans lesquels il s'est fourré; il souhaiterait l'anonymat, et le voici associé dans une société de pétrole qui attire tous les regards et la jalousie à travers la planète. Parfois, il en est presque sympathique ! Dévoué à la cause des indiens autochtones au Venezuela, père qui réfléchit à ses devoirs un instant, sanguinaire l'instant d'après.


Pas étonnant que David Fincher et Brad Pitt aient mis une option pour adapter cette BD au cinéma !

Le T11, qui démarre le 3° cycle (1° cycle tomes de 1 à 5, 2° cycle tomes de 6 à 10), vient de paraître.
Parenthèse de publicité personnelle : le dessinateur de "Le Tueur", LUC JACAMON, participera à une rencontre dessinée samedi 2 février à Angoulême, au théâtre, salle Odéon, dans le cadre du 40° festival de la bande dessinée. Cette rencontre sera animée par moi, Camilla (la bavarde qui est là le lundi :-) ).

lundi 28 janvier 2013

DIDIER BONTEMPS A AUXERRE + CHRONIQUE LE VOL DE LA JOCONDE

Didier Bontemps est un dessinateur né à Châtillon sur Seine. Pendant les années 1990 il avait publié aux éditions Vents d'Ouest, se concentrant par la suite sur l'illustration; aujourd'hui, il revient à la BD avec "Le vol de la Joconde", aux éditions Roymodus, qu'il dédicacera lors de "Auxerre fait son Angoulême".


Paris, 21 août 1911 : le célèbre tableau "La Joconde" de Leonardo da Vinci disparaît, en passant sous le nez de... et bien, de personne, puisque la surveillance est pratiquement inexistante ! Le commissaire chargé de l'enquête est dans le noir complet, et il bat toutes les pistes : les collectionneurs américains, les allemands alors que le climat politique avec la France devient tendu, un certain Pablo Picasso et ses amis cubistes, le secrétaire belge de Guillaume Apollinaire... Les journalistes s'en donnent à coeur joie, et se moquent des failles de sécurité aux Louvre en organisant des canulars !

Dans l'album, les noms des enquêteurs ont été changés et caricaturés (Colombeau, etc...), les méthodes de la police sont tournées en ridicule, pourtant, tout est vrai : par exemple, Guillaume Apollinaire fut vraiment accusé et emprisonné pour complicité de recel de malfaiteur. Mais encore : le vrai voleur, Vincenzo Peruggia, avait insinué à un moment avoir été approché et manipulé par un espion allemand, etc...
Découvrez en rigolant un moment loufoque de l'histoire de France !



ERIC RÜCKSTÛL A AUXERRE + CHRONIQUE SAMPIERO CORSO

Eric Rückstül aime la Corse et la célèbre dans ses BD ("Le bagne de la honte", "Paoli", "Corsu" aux éditions DCL), mais il n'oublie pas qu'il est né en Bourgogne et il sera donc des nôtres lors du festival "Auxerre fait son Angoulême".

Vous pourrez y faire dédicacer entre autres "Sampiero Corso" (DCL éditions), série en 2 tomes autour du célèbre condottiere du XVI siècle Sampiero de Bastergà.
Dès son enfance, Sampiero rêve d'être militaire, comme les hommes de sa famille, et d'être puissant pour pouvoir reconstruire les châteaux et les donjons détruits par les Génois qui dominent son île. Même une fois à Florence, chez les Médicis qu'il sert de nombreuses années, il n'oublie pas sa terre. Et il y reviendra, en effet...
Ce premier tome, riche en batailles et affaires politiques, se termine sur une note de tension : Sampiero, revenu en Corse, honore une promesse de paix faite des décennies auparavant, en épousant l'héritière de ses rivaux, Vannina d'Ornano, dans le but pratique d'avoir une descendance. Mais sa haine pour les génois, auxquels les D'Ornano sont alliés, n'est malgré tout pas éteinte, et de plus Vannina ne semble pas très partant pour adorer son époux comme celui-ci s'y attendait... Sera-t-elle conquise à la fin par ce colonel qui a fait plier des armées entières ?

dimanche 20 janvier 2013

CHRONIQUE ÛBELBLATT

Une saga dark-fantasy sombre, une histoire de triste et cruelle trahison, de vengeance après la mort. 
Même si le protagoniste, le très jeune Koïnzell, un demi-elfe, est d'apparence frêle et féminine, il s'agit en réalité de la réincarnation d'un homme trucidé par ses amis, qui depuis 20 ans les recherche, poussé par le besoin de rétablir son honneur. Alors qu'il a sauvé le royaume contre l'Armée des Ténèbres, ses sept compagnons ont pris tous les mérites, l'ont torturé et tué, en souillant sa mémoire avec le surnom de "lance de la trahison". Aujourd'hui, ils dominent le monde, mais Koïnzell est de retour, et ça va changer...




Ubelblatt s'était interrompu depuis 2 ans; le tome 12 vient enfin de sortir, un nouveau cycle est lancé ! Il faut un moment pour rentrer dans cette histoire complexe, foisonnante de personnages secondaires, dans les enjeux géopolitiques de ce monde au croisement entre Ken le Survivent et le Moyen-Âge allemand, mais une fois qu'on a commencé, on est complètement happés ! 

mardi 15 janvier 2013

CHRONIQUE : BATMAN, UN LONG HALLOWEEN

Qui est Holiday, le tueur qui n'élimine que des méchants, que les jours de fête ?
Le procureur Harvey Dent, ou un rival de la famille mafieuse qui subit le plus de pertes, ou Catwoman, ou Poison Ivy, ou... ? Même Nigma s'y perd ! L'Almanach est jaloux. En tout cas, ce n'est pas du goût du Joker, puisque "Gotham est trop petite pour 2 tueurs cinglés". Ça ne peut que mal se terminer...


Drame épique qui fait défiler la majeure partie des adversaires de Batman et qui établi le trio procureur Dent + commissaire Gordon + Batman en tant que protecteurs "purs" de la ville, "Un long Halloween" est surtout un très bon roman policier. 
C'est aussi un des comics qui ont le plus inspiré le film "Batman Begins" de Christopher Nolan, dont une belle interview est reproduite en préface.

AUXERRE FAIT SON ANGOULÊME 10 FÉVRIER 2013



La librairie La Pieuvre répond présent à l'évènement  « Auxerre fait son Angoulême », le 10 février 2013.

Les auteurs présents le 10 février pour dédicacer leurs albums :

Eric Rückstuhl : 
http://www.bedetheque.com/auteur-10093-BD-Ruckstuhl-Eric.html
http://lapieuvrelibrairie.blogspot.fr/2012/09/dedicace-eric-ruckstul.html




Didier Bontemps : 
http://www.bedetheque.com/auteur-8318-BD-Bontemps-Didier.html
http://www.bedetheque.com/serie-34152-BD-Vol-de-la-Joconde.html



A vos bulles...

dimanche 13 janvier 2013

CHRONIQUE PIECE

Haruka n'a que 19 ans lorsqu'elle décède d'un cancer du sein.
Discrète, timide voir effacée, Haruka après le lycée avait disparu de l'existence et du souvenir de ces copains qu'aujourd'hui sont réunis pour ses funérailles.
Mais deux d'entre eux sont touchés. Suga, par exemple, ne lui avait pratiquement jamais adressé la parole, mais elle découvre après sa disparition qu'Haruka la considérait une amie; Yanai l'aimait en secret, il n'avait jamais osé le lui avouer. 
En reconstituant les "pièces" du puzzle de la véritable identité d'Haruka, qui semblait cacher beaucoup de lourds secrets, Suga et Yanai se posent inévitablement des questions sur eux-mêmes, sur qui sont-ils vraiment, qu'attendent-ils de leurs vies, au delà des chemins que la société leur impose. 

Ce shojo subtil qui creuse finement les psychologies et le déboussolement face aux tourments amoureux et au choc de la mort, touche à des sujets délicats et sérieux, il s'adresse donc à un public plutôt mature.

lundi 7 janvier 2013

CHRONIQUE LA MARCHE DU CRABE

En ces débuts de 2013, vous êtes probablement en train de prendre de bonnes résolutions et de faire des projets. De choisir la direction que prendra votre année.

Cette chance, depuis 400 millions d'années, est niée aux crabes carrés de Gironde, Cancer Simplicimus Vulgaris : mère nature leur impose de se déplacer dans une seule et unique direction, de droite à gauche ou de gauche à droite, mais inévitablement un seul et même axe, pour toujours.

Inutile de préciser qu'une vie pareille est ennuyeuse et solitaire (c'est bien pour ça que les crabes carrés, s'ils ont la chance de croiser une femelle, s'accouplent à la va vite sans parades nuptiales, étant donné le coup de bol inouï !)
Mais voilà qu'un jour, un peu par hasard, Soleil, Bateau et Guitare découvrent qu'il y aurait un moyen de se déplacer différemment, défier la nature et 400 millions d'années sans aucune évolution, et unir leurs forces pour... CHANGER !
Bien que certains de leur propre espèce, dits "les rigides", se veulent "gardiens du temple" contre cette nouveauté, même si les homards et les tourteaux les attaquent, les 3 petits révolutionnaires n'en démordent pas et font des émules. Cette évolution aboutira-t-elle forcément à quelque chose de mieux ? Pas sûr, pas sûr du tout...mais, il faudra bien tenter ou on ne le saura jamais !

Epopée épico-politico-philosophico-métaphorico-comique, cette série est riche en rebondissements (si, si, une fois la trajectoire changée, la vie de crabe, c'est passionnant !) et offre plusieurs niveaux de lecture.

samedi 5 janvier 2013

CHRONIQUE BAKUMAN

Un manga sur l'espoir et la force de détermination, pour illuminer ce samedi gris et pluvieux.


Il s'agit de BAKUMAN, par les auteurs de l'excellentissime DEATH NOTE. 
L’expression Bakuman n’a pas de signification précise en japonais, le dessinateur indiquant sur la couverture du tome 2  : “Bakuman, peut évoquer les explosions (bakubatsu en japonais), les joueurs (bakuchiuchi), les tapirs (baku), ces animaux supposés être des mangeurs de rêves.” 

Dans une société japonaise toute tournée vers l'emploi dans une grande boîte, Mashiro ne voudrait pas rater sa réussite sociale et finir hikikomori (jeune qui vit reclus chez lui au crochet de ses parents) ni freeta (cumulateur de CDD). Doté pour le dessin, il a néanmoins trop peur pour se lancer dans une activité de mangaka, ayant à l'esprit l'exemple de son oncle Nobu, qui ne fut qu'une étoile filante dans ce domaine et se suicida. Son copain de classe Takagi, qui écrit des scénarios, n'est pas de cet avis et le pousse à se lancer ensemble dans une grande aventure : réaliser le meilleur manga jamais publié ! Ce sera l'amour pour Azuki,  qui rêve de devenir doubleuse de dessins animés bien qu'elle soit très timide et effacée, à pousser Mashiro à prendre en main son destin.



Et de rêves il est beaucoup question dans cette série, qui met en scène Mashiro, 14 ans, s'interrogeant sur son avenir.

Série pour tous les âges, dynamique malgré le sujet (dessiner) qui pourrait sembler statique de premier abord, BAKUMAN est aussi trouffée d'informations très réalistes et techniques sur le parcours du combattant qu'est le métier artistique. Sans oublier néanmoins le côté plaisant de pratiquer son art !

vendredi 4 janvier 2013

JACQUES TARDI REFUSE LA LEGION D'HONNEUR

Le dessinateur Jacques Tardi, dont le dernier ouvrage "MOI RENE TARDI PRISONNIER DE GUERRE AU STALAG IIB" vient de paraître, a déclaré :


"J'ai appris avec stupéfaction par les médias, au soir du 1er janvier 2013, que l'on venait de m'attribuer d'autorité et sans m'en avoir informé au préalable, la Légion d'Honneur!" 
"Etant farouchement attaché à ma liberté de pensée et de création, je ne veux rien recevoir, ni du pouvoir actuel, ni d'aucun autre pouvoir politique quel qu'il soit. C'est donc avec la plus grande fermeté que je refuse cette médaille." 


CHRONIQUE MUCHACHO

La sortie chez Dupuis d'une très belle version intégrale des tomes 1 et 2 de "Muchacho" d'Emmanuel Lepage nous permet de réviser nos classiques et de vous suggérer une série qui ne doit pas manquer
sur vos étagères.




Nicaragua, années 1970 : sur fond de révolte sandiniste, le jeune Gabriel de la Serna, de bonne famille et destiné à la prêtrise, ressent les premiers émois sexuels.

Troublé par le corps voluptueux de la solaire prostituée du village, mais finalement amoureux d'un anglais ayant rejoint les rebelles, Gabriel se cherche en tant qu'homme, mais aussi en tant qu'artiste : vertueux du pinceau, jusqu'ici trop académique, au contact du "peuple" et guidé par un prêtre énergique, il libère tout son talent et croque des scènes de vie quotidienne qui capturent la véritable essence des gens.

Après un moment de lâcheté, Gabriel devient guerillero... l'occasion pour Lepage de peindre une forêt tropicale luxuriante, dangereuse, immense et épuisante.
Aucun idéalisme dans la représentation des rebelles : se trahissant les uns les autres, fatigués physiquement et spirituellement, ils ne renoncent pourtant pas à leurs idéaux. Quoique, une fois qu'ils auront gagné, sauront-ils mettre en place le monde meilleur dont ils rêvaient ?

Aucune idéalisation de Gabriel non plus : alors qu'il se cherche une légitimité (lui, bourgeois et traître) chez les nicaraguiens, il se sacrifie pour qu'ils bénéficient d'un échange d'otages, mais au final il passe les moments cruciaux de la guerre loin, en sécurité dans une école des USA, et ne revient que pour retrouver son amoureux, après la libération du Pays.

Servie par un pinceau inspiré, léger, sensuel, aux couleurs toujours justes, cette histoire d'éveil à soi est excellente !



mardi 1 janvier 2013

CHRONIQUE WEST

Après les excès du réveillon, rien de mieux que de passer une journée à lire.
Et rien de mieux que de lire WEST, une série spectaculaire chez Dargaud débutée exactement il y a 10 ans, développée en 3 cycles de 2 tomes chacun.
Une série qui mérite décidément d'ouvrir le bal de nos chroniques 2013 !



Malgré le titre et l’ambiance de saloon, WEST n’est pas (que) un western.

WEST est l’acronyme de Weird Enforcement Special Team, une équipe d’élite gouvernementale chargée de résoudre des cas délicats, assez… spéciaux, avec « totale liberté de moyens ». Les 4 membres de ce team sont pour le moins disparates et, même s’ils ont un passé commun et qu’ils respectent leurs habilités respectives, entre les deux tueurs à gages, le chef incontrôlable et l’indien, ça promet des étincelles…

On retrouve dans cette série à cheval sur plusieurs genres (policier, western, aventure, ésotérisme et fantastique), se déroulant au début du XX siècle : des vengeances, des complots, des magouilles politiques, l’amitié ainsi que le pire de l’âme humaine. On craque pour le protagoniste, un anglais d’un certain âge accro au thé, plus élégant et distingué que James Bond, plus insupportable que Doctor House, plus cool et performant que Gibbs de NCIS, mais aux manières plus expéditives que l’inspecteur Harry.

Une construction impeccable, un rythme haletant, et au dessin un Christian Rossi dont on ne peut définir le style que d’un mot : CLASSE !